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Mots clés : Bionum, Brèves, M2_EMTE
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Quand la canicule arrive, ça chauffe chez les zostères, et le sexe prend soudain une toute nouvelle importance… Les herbiers marins sont constitués de plantes à fleurs qui se multiplient le plus souvent par reproduction asexuée, les individus adultes produisent de nouvelles pousses sans que celles-ci ne soient issues de graines – c’est une forme de bouturage. Des scientifiques ont pourtant découvert que, confrontée à un évènement climatique destructeur, la zostère marine devait sa résilience à la reproduction sexuée, grâce aux graines accumulées dans le sol.

Suite à deux catastrophes écologiques survenues en 2005 et 2018 dans la baie de Chesapeake à l’Est des Etats-Unis, l’équipe de David Johnson a cherché, huit mois après chaque événement, à comparer la capacité de régénération des populations de zostère marine (1). Pour cela, iels ont sélectionné plusieurs zones d’étude, aux endroits où la plante recouvrait de nouveau une surface importante. Dans chacune de ces stations, les racines des plantes ont été examinées pour distinguer semis et pousses adultes, et les adultes florissants ont été comptés. La température et la salinité de l’eau ont également été mesurées et des tests statistiques réalisés à partir des données récoltées pour identifier les facteurs les plus influents sur le rétablissement des populations.
Les résultats de l’étude sortie en 2021 montrent que ces dernières ont réussi à se rétablir principalement grâce à la germination de semis issus de graines déjà présentes dans les sédiments, qui a pallié la faible survie des plantes adultes (surtout en 2006, où encore moins d’adultes avaient survécu). Ainsi, bien que la reproduction végétative ait été mise à mal, la pérennité de la population a pu être assurée par la reproduction sexuée : grâce aux floraisons passées, une banque de graines s’était installée dans le sol, qui attendaient des conditions propices pour germer.
Cependant, ce stock de graines est très dépendant des plantes adultes : sur l’un des deux sites affectés, la floraison a été quasiment absente l’année suivant la catastrophe. Avec une banque de graines et une floraison amoindries, la survie des populations d’herbiers pourrait donc être totalement compromise. En cas de répétition de chocs traumatiques, plus que probables dans le contexte actuel de réchauffement climatique, les populations auront-elles encore la capacité à se régénérer ?
(1) Johnson A.J. (2021). Recovery dynamics of the seagrass Zostera marina following mass mortalities from two extreme climatic events, Estuaries and Coasts, Volume 44, pages 535–544. https://doi.org/10.1007/s12237-020-00816-y