Mots clés : Bionum, Brèves
Etiquettes: Nectar, Oenothera drummondii, Onagre de Drummond, Perception sonore, relation plante - pollinisateurs, zoogamie
Pauline CHAYLA, Olivia DE LAAGE, Rodolphe QUENARD & Yueyue SHEN
Une petite fleur jaune, commune et discrète, l’onagre de Drummond —savamment nommée Oenothera drummondii— cache pourtant une qualité extraordinaire, la sensibilité aux sons, lui permettant de favoriser ses chances de reproduction. On savait déjà les plantes sensibles à la lumière, à la gravité ou au toucher, la chercheuse Marine Veits et ses collègues se sont penchés sur ce nouveau sens.
Les scientifiques ont exposé l’onagre à cinq stimuli sonores distincts : le silence –sous une cloche de verre –, des enregistrements sonores d’abeilles, des sons synthétiques de basses (autour d’ 1 kHz), moyennes (35 à 34 kHz) et hautes fréquences (158 à 160 kHz). La plante réagit uniquement lorsqu’elle est soumise aux bruits de ses pollinisateurs ou aux fréquences artificielles associées (voir schéma expérimental ci dessous). Cette réponse se traduit par la production d’un nectar plus concentré en sucre et ce, en un temps record de 3 minutes.
Comment est-ce possible? Les chercheurs ont utilisé la vibrométrie laser, pour explorer l’idée que ce seraient les pétales qui seraient les récepteurs des sons pour la plante. Résultat : les pétales entrent en résonance et oscillent jusqu’à 0,1 mm, lorsque le son des pollinisateurs est diffusé.
À l’approche d’un pollinisateur, la fleur réagit en produisant un nectar plus sucré, prolongeant ainsi la visite de ce dernier, ce qui augmente les chances de pollinisation croisée. Cette adaptation améliore significativement la probabilité de reproduction, tout en permettant aux fleurs d’ajuster instantanément la composition du nectar pour éviter une dépense énergétique inutile.
Quelques interrogations subsistent. Les plantes réagissent-elles aux perturbations sonores d’origine humaine? Ces observations peuvent-elles être généralisées à d’autres espèces végétales ?
Avoir montré que les plantes réagissent à certains sons ne signifie pas pour autant qu’elles entendent. Mais restons à l’écoute, qui sait ce que la nature nous réserve !
Veits, M., Khait, I., Obolski, U., Zinger, E., Boonman, A., Goldshtein, A., Saban, K., Seltzer, R., Ben-Dor, U., Estlein, P., Kabat, A., Peretz, D., Ratzersdorfer, I., Krylov, S., Chamovitz, D., Sapir, Y., Yovel, Y., & Hadany, L. (2019). Flowers respond to pollinator sound within minutes by increasing nectar sugar concentration. Ecology Letters, 22(9), 1483-1492. https://doi.org/10.1111/ele.13331