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Mots clés : Brèves, M2_EMTE
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Pièges à succion d’une utriculaire (gauche, photographie Michal Rubeš), piège à machoires d’une aldovandrie (droite, photographie Stefan Lefnar)

Deux plantes aquatiques carnivores, dépourvues de racines et évoluant dans des environnements similaires adoptent-elles les mêmes stratégies pour digérer leurs proies ?
Chez les aldrovandies et utriculaires, la carnivorie botanique implique l’utilisation de phytohormones, les jasmonates, pour amorcer le processus de digestion de leurs proies. L’équipe de Andrej Pavlovič dans un article[1] publié en 2021, a cherché à savoir si ce mécanisme a été acquis de manière indépendante ou s’il est hérité d’un ancêtre commun ?
Les aldrovandies, apparentées à leur cousine carnivore terrestre la dionée attrape-mouche, possèdent des pièges à mâchoires qui se referment rapidement sur leurs proies. Ce processus déclenche une accumulation de jasmonates, entraînant la sécrétion des enzymes digestives. Ainsi, comme chez la dionée, la digestion est activée uniquement lorsque la proie est capturée.
À l’inverse, les utriculaires, dotées de pièges à succion, ont une quantité de jasmonates constante et maintiennent en permanence des enzymes digestives actives. Ce mode de fonctionnement plus passif reflète une voie évolutive commune aux grassettes, une cousine carnivore terrestre de l’utriculaire.
Cette étude révèle donc que leurs processus digestifs ont suivi des trajectoires évolutives distinctes, marquées par une acquisition indépendante de l’utilisation des jasmonates dans chacune des deux familles de plantes. Ainsi, ces différences illustrent comment deux lignées de plantes carnivores aquatiques, issues d’ancêtres terrestres distincts ont su s’adapter à un environnement pauvre en nutriments où la capture de proies est indispensable à leur survie.
Deux approches, deux histoires évolutives, mais une même quête : tirer profit d’un festin aquatique.
Bon appétit !
[1] Jakšová J., Adamec L., Petřík I., Novák O., Šebela M., Pavlovič A., (2021). Contrasting effect of prey capture on jasmonate accumulation in two genera of aquatic carnivorous plants (Aldrovanda, Utricularia). Plant Physiology and Biochemistry 166, 459-465. https://doi.org/10.1016/j.plaphy.2021.06.014.