Posidonia oceanica et indicateurs environnementaux en Méditerranée orientale, adapté d’après Litsi-Mizan et al, 2023.
SST : température moyenne annuelle de la surface de la mer (°C) ;
SSTaug : température moyenne estivale annuelle de la surface de la mer (°C) ;
Chla : concentration de chlorophylle-a (mg. m⁻³) indicateur de la quantité de phytoplancton qui révèle la productivité de l’écosystème marin ;
SPM : quantité de particules en suspension dans l’eau (g. m⁻³) liée à la turbidité ;
PdS : profondeur de Secchi (m), permet de mesurer la clarté de l’eau, indiquée par la profondeur à laquelle un disque blanc reste visible.


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Mots clés : Bionum, Brèves, M2_EMTE

Le réchauffement climatique bouleverse les écosystèmes marins, et les herbiers de posidonie, véritables forêts sous-marines, ne font pas exception. Ces formations végétales, propres à la Méditerranée, jouent un rôle vital : elles servent d’habitat, capturent d’importantes quantités de carbone et stabilisent les fonds marins.
Une étude récente alerte sur la situation en Méditerranée orientale, qui concentre 71 % des herbiers de posidonie. Longtemps sous-estimée et peu étudiée, l’ampleur de leur déclin dans cette région est désormais confirmée. En échantillonnant plusieurs sites, les scientifiques ont examiné la biomasse des herbiers, ainsi que la qualité, la clarté et la turbidité de l’eau (Carte). A partir de ces données, le résultat est sans équivoque : le déclin de production de posidonies n’est dû ni à la qualité chimique de l’eau, ni à sa turbidité, ni à la luminosité sous-marine. Le principal responsable ? L’augmentation des températures marines !
La Méditerranée orientale, qui se réchauffe plus rapidement que sa partie occidentale, connaît une température moyenne annuelle de 19,8 °C avec des pics estivaux atteignant 26,5 à 28,5 °C, contre 23 à 25 °C en Méditerranée occidentale. Ces niveaux dépassent largement les seuils de tolérance de la posidonie : sa productivité chute de 8 % au-delà de 20 °C et s’effondre de 17 % dès 26,5 °C. Les effets sont dramatiques : dans toutes les zones étudiées, les herbiers sont gravement touchés. A l’exception de quelques régions localisées, comme le sud de la mer Égée, où des adaptations limitées sont observées, en raison de conditions géographiques favorables. Plus alarmant encore, la production de biomasse des herbiers a chuté de moitié en moins de 20 ans (1999-2018).
Finalement, l’étude révèle une contradiction surprenante : on pensait les posidonies plus résistance dans la Méditerranée orientale en raison des eaux naturellement chaudes. En réalité, elles sont davantage impactées par le réchauffement, encore plus intense dans cette région. Ce constat est préoccupant dans le contexte du dérèglement climatique actuel.

(1) Litsi-Mizan V, Efthymiadis PT, Gerakaris V, Serrano O, Tsapakis M, Apostolaki ET, (2023) Decline of seagrass (Posidonia oceanica) production over two decades in the face of warming of the Eastern Mediterranean Sea. New Phytologist 239:2126–2137.
https://doi.org/10.1111/nph.19084
(2) Le Cam H, Baraer F (2020) Climatologie marine – Méditerranée occidentale – Directive Cadre Stratégique pour le Milieu Marin. Disponible en ligne ici : https://dcsmm.milieumarinfrance.fr/Le-Plan-d-Action-pour-le-Milieu-Marin/Cycle-1-2012-2018/Consultation-des-documents-du-Cycle-1/Climatologie-marine-Mediterranee-occidentale#:~:text=Sa%20temp%C3%A9rature%20atteint%2023%20%C3%A0,pays%20de%20sa%20rive%20sud