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Mots clés : Bionum, Brèves
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Vous connaissez le chloroforme ? Cet anesthésiant utilisé par les méchants dans les films pour endormir leurs victimes ? Deux chercheurs anglais et espagnol ont essayé de l’utiliser sur des champignons afin de voir comment ces derniers réagissent. Mais pourquoi diable vouloir endormir un champignon

Pleurote en huître (Pleurotus ostreatus), Wikipedia, Jerzy Opiola

Ces derniers n’ont pas de système nerveux contrairement aux animaux, cependant seraient-ils comme les plantes sensibles aux anesthésiques ? Quoi ? Vous ne saviez-pas qu’on peut endormir les plantes ? Courrez sur notre blog lire les brèves sur l’anesthésie de la dionée attrape-mouche (mécanisme de piégeage et implication de la voie des jasmonates). Dans cette nouvelle étude, les scientifiques ont planté des électrodes dans un champignon répondant au doux nom de Pleurotus ostreatus, plus communément appelé pleurote en huître, avant de l’enfermer dans une boîte avec un papier imbibé de chloroforme. Après avoir répété l’expérience dix fois, ils ont noté une baisse de l’activité électrique des champignons, quand ils sont sous l’effet de l’anesthésiant. C’est un peu la même chose qui se passe chez les humains sous anesthésie générale : diminution de l’activité électrique et inhibition de  certaines actions.

Dans neuf des dix essais, le champignon est resté pendant trois à quatre jours dans la boîte avec le chloroforme. Dans ces cas-là, les dégâts sur le champignon sont irréversibles : il meurr ! Les scientifiques font une comparaison avec d’autres expérimentations qu’ils ont mené sur le blob qui, à de trop fortes concentrations, peut faire une overdose de l’anesthésiant. Dans le dernier essai, la boîte a été ouverte et aérée au bout de 16 heures. Le champignon a retrouvé une activité électrique plus intense que dans les neufs autres cas, mais qui reste plus faible qu’en temps normal.

Il faut cependant prendre avec des pincettes ces résultats : l’article publié dans Scientific Reports a été peu repris et peu cité, ce qui est peut-être dû à l’aspect sommaire du dispositif expérimental. Attendons des études complémentaires avant d’essayer de kidnapper des champignons hors de leur forêt avec du chloroforme !

Source : Adamatzky, A., Gandia, A. Fungi anaesthesia. Sci Rep 12, 340 (2022). https://doi.org/10.1038/s41598-021-04172-0