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Mots clés : Bionum, Brèves, M2_EMTE
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La paramécie est capable de consommer les algues unicellulaires, mais plus difficilement les algues regroupées en colonies (illustration : Fiona Peralta)


Il y à 4 milliards d’années, la vie est apparue sous la forme d’organismes unicellulaires, puis 2 milliards d’années plus tard les formes de vie pluricellulaires sont apparues à leur tour. Et si cette nouvelle forme était liée à la prédation ? Cette hypothèse classique suggère que les organismes unicellulaires, en se regroupant formeraient des amas trop grands pour être consommés, échappant à l’appétit de leurs prédateurs.
C’est ce qu’a testé expérimentalement l’équipe de William C. Ratclif [1] en conduisant une expérience sur Chlamydomonas reinhardtii, une algue verte unicellulaire, de 10 à 22 µm soumise pendant 4 ans à la pression de prédation d’une paramécie 10 fois plus grosse (Paramecium tetraurelia). Face à la paramécie, l’algue a évolué en structures pluricellulaires en 1 an environ, soit après 750 générations .
Durant la reproduction de l’algue, il arrive parfois que la division cellulaire ne soit pas complète et qu’une structure à plusieurs cellules se retrouve formée. C’est ce qui a dû arriver dans cette expérience, l’hypothèse est que la taille des structures pluricellulaires reste avantageuse pour la survie face aux prédateurs, et se conserve sur les prochaines générations.
Ces amas de plusieurs cellules, moins vulnérables face aux prédateurs, fournissent une preuve expérimentale que la pression de sélection exercée par la prédation peut favoriser l’apparition de la multicellularité, un phénomène qui s’est produit à plusieurs reprises au cours de l’évolution. Comme l’a dit Van der Noot : “L’union fait la force !”.
[1] Herron M.D., Borin J.M., Boswell, J.C. et al. Origines de novo de la multicellularité en réponse à la prédation. Science Report 9, 2328 (2019). https://doi.org/10.1038/s41598-019-39558-8